dimanche 20 septembre 2020

Epilogue 2020

 

EPILOGUE 2020


    Je pensais arriver jusqu'à Samoëns, en France, mais j'ai dû écourter mon périple (voir étape précédente), après toutefois 20 jours de marche.

    Cependant, dois-je considérer qu'avoir pu randonner cette année a été finalement plutôt inespéré, du fait du coronavirus ?


    Les statistiques cette année:

  • Seulement 310 km parcourus en 20 étapes, soit une moyenne de 15,5 km/jour.

  • Une dénivelée cumulée en montée de 16000m et en descente de 17000m, soit des moyennes respectives de 800m et 850m par jour (inférieures aux années précédentes), mais qui s'est caractérisée par une alternance d'étapes plutôt longues et d'autres courtes.

  • Une moyenne de 7h30 de marche par jour, soit une moyenne kilométrique de seulement 2km/h, qui témoigne de chemins que j'ai ressentis plus difficiles, même pour les étapes courtes.

  • Indice POPEYE du temps que j'ai eu cette année a été de 0,68, soit nettement moins bon que les années précédentes (0,85); toutefois aucun orage.


    Le passage le plus spectaculaire est sans aucun doute quand j'ai longé sur plusieurs kilomètres le Grand Aletsch (étape 92), le principal glacier de la Jungfrau, même si je n'ai pas bénéficié d'un temps superbe. Mais aussi beaucoup d'autres paysages tels que la sauvage et minérale Bocchetta di Fiorasca (étapes 86 et 87), les sommets enneigés des étapes 88 et 89, sans oublier les astucieux bisses de l'étape 94, les impressionnantes Echelles d'Albinen de l'étape 95, la vue sur la chaine du Mont-Blanc depuis le Portail de Fully de l'étape104.


    A plusieurs reprises, je me suis retrouvé, en suivant les pancartes locales, sur des chemins ne correspondant pas aux traces GPS du site de la Via Alpina (étapes 88, 98), ou bien quand je l'ai suivi, je me suis retrouvé sur des chemins interdits d'accès (pour des raisons de sécurité) depuis sa parution (étapes 92, 99, 103 et 104). Ce site a demandé un travail considérable qu'il faut saluer et constitue une source d'informations capitale pour entreprendre une telle randonnée : il est dommage qu'il ne soit pas mis à jour tous les ans. J'évoque ce sujet aux étapes mentionnées.

    En particulier, à l'étape 92 (fin de R95), la fermeture probablement définitive du Berghotel Riederfurka à Riederalp remet en cause la décomposition des étapes précédentes et suivantes, d'où, par exemple la nouvelle décomposition que j'en ai fait. Toujours à l'étape 92 (début de R96), il faut quitter la trace GPS et prendre la direction plein nord.


    Un point encore particulier pour ce tronçon de Via Alpina en territoire suisse : le coût de l'hébergement. Il a été de l'ordre de 50% supérieur à celui des années précédentes. Cela s'explique par le fait que j'ai été quasiment toujours seul (donc coût de la chambrée non divisé), qu'il y a sur ce tronçon peu de refuges (moins onéreux que les hôtels), combiné au coût de la vie très fort de ce pays (déjà un gros problème pour les autochtones).

  

  Comme d'habitude, un grand merci à tous mes lecteurs, et à Francine pour la présentation de ce blog. Un merci aussi à Séverine et José qui m'ont accompagnés pendant quelques étapes, et m'ont permis en particulier de profiter du passage des Echelles d'Albinen de l'étape 95.


    Ci-après, les 2 fichiers habituels du trajet prévu et de celui effectivement parcouru de cette année 2020.





jeudi 3 septembre 2020

Etape 104

 

Étape 104   Jeudi 3 septembre 2020   Col du Demècre (2357m) - Vernayaz (457m):


15km   M160  D2060  2km/h  IP1



Une étape que j'appréhendais : 2000m de descente, quel calvaire en perspective, et pas moyen de scinder l'étape !

Et pourtant, à son début, quel point de vue sublime, dont les photos ne donneront qu'un aperçu que, cher lecteur, vous devrez imaginer. Mais bon, ça se mérite, et ici au prix fort.




 La chaîne du Mont-Blanc en allant au Portail de Fully; parmi les sommets enneigés, on reconnaît : à droite, le Grand Combin (4314m) et son glacier; à gauche, le Mont-Blanc avec la Vallée Blanche et l'Aiguille du Midi




La vallée du Rhône au niveau de Martigny et la chaîne le surplombant.

Je suis bien allé jusqu'au point de vue le plus intéressant, au lieu-dit Portail de Fully. Je vous laisse juger! Puis là, j'ai suivi le chemin fléché en direction de Sex Carro (prononcer "Sé Caro") et Champex, qui descend tout droit dans la vallée, et donc j'ai raté le chemin de crête.

Ceci dit, il n'y avait pas de temps à perdre, la journée ne faisait que commencer !


Certes, la descente a été longue, mais la motivation d'arriver en bas et l'arrêt casse-croûte à mi-parcours l'ont rendue supportable.





Au Portail de Fully, Grand Combin, Mont-Blanc et Aiguille du Midi ; au fond la vallée du Rhône vers Martigny.




Panorama plus élargi




 A l'horizon, le Rhône se jette dans le Léman.




La vallée approche !

Arrivé en bas à Dorenaz, je suis tout de suite frappé par l'aspect beaucoup plus pauvre que les régions que j'avais rencontrées en Suisse, y compris dans les vallées les plus reculées. De là, je longe le Rhône jusqu'à la ville étape Vernayaz.


Le site de la Via Alpina signalait l'hôtel du Pont de Trient, que je n'avais pas cherché à réserver, il faut croire que j'en avais eu l'intuition: à 16h, les portes sont fermées, je téléphone et tombe sur un répondeur (en italien ?). J'avise un passant qui m'indique qu'il ne me conseillerait pas cet hôtel, qu'il y en a un autre à côté de la gare. J'y vais, et il y a bien une chambre de libre. En tant que randonneur, je ne suis pas difficile sur la qualité de l'hébergement, pourvu que j'ai un lit, de quoi me doucher et faire ma lessive quotidienne, mais là, c'était spécial; pour 55CHF (env. 53€), sans petit-déjeuner, en vrac: difficulté d'ouvrir la porte à clé, pas de fenêtre mais un vasistas qu'on ne peut ouvrir et sans occultation pour la nuit, exigu, pas de chaise, éclairage défaillant au lavabo, lampe de chevet clignotante donc inutilisable, aspect général sinistre. De l'intérieur, impossible de fermer la porte à clé : mes bâtons de marche en tant qu'indicateur d'intrusion feront l'affaire, même si le risque de ce point de vue est infime.


Le local de WC + douche (sur le palier) est correct, si ce n'est que là encore, fermeture à clé difficile, pas de lunette aux toilettes. Des affichettes partout sur la propreté à tenir... Bref, il faut le voir pour le croire. Image ternie de la Suisse... à part le prix!


Nous sommes jeudi, et je m'avise de m'informer, confiant, de l'hébergement pour les 2 jours à venir, et là, c'est la catastrophe : pas de place disponible déjà pour le vendredi (et bien sûr pour samedi) à l'auberge de Salanfe de 120 places (dont la jauge a été certes réduite à 80, dû au Coronavirus). Il faut préciser que le week-end précédent, il avait fait un temps pluvieux, que ladite auberge se trouve au bord d'un lac et que le parking n'est qu'à environ 1km. Imparable ! Pas motivant pour les randonneurs. Et pas de variante possible dans cette région! Je décide donc, bien contrarié, de mettre fin prématurément à ma randonnée 2020.



Élégante passerelle en arrivant dans la vallée à Dorenaz.



Le Rhône pas encore très large, avant qu'il se jette dans le Leman



mercredi 2 septembre 2020

Etape 103

 Mercredi 2 septembre 2020   Pont de Nant (1232m) - Col du Démècre (2357m)

19km  M1630   D790   1,9km/h   IP1

La Via Alpina prévoyait de passer par le Col des Perris Blancs. Le responsable de l'auberge du Pont de Nant m'attire l'attention sur le fait que ce trajet est particulièrement difficile et que les pluies et la neige des jours précédents peuvent encore l'avoir empiré. En plus, il fait redescendre de 300m, qu'il faut donc ensuite remonter.


Il me propose un trajet "bis", que j'ai entrepris et que je vais vous présenter:

- De l'auberge, descendre la route, et dans un virage, prendre le sentier en direction de Cinglo

- Arrivée à Cinglo (1600m) distance 1,8km durée 1h15. Cette partie est difficile, on marche à travers les racines des arbres qui sont glissants, comme la terre est encore mouillée. Refuge possible ici.

- Puis chemin en balcon avec quelques montées/descentes jusqu'à Javerne (1630m) , 4,6km, 1h30. Chemin caillouteux au début, puis en terre, donc agréable.

- Puis refuge de la Tourche (2200m),  3,6km, 1h45. Chemin plutôt agréable.

- Puis Rionda (2150m), 1,6km, 0h30. Chemin carrossable.

- Puis descente sur L'Au d'Arbignon (1630m), 2,9km, 1h15. Chemin moins agréable.

- Puis montée sur le refuge du Châlet Neuf (1865m), 1,8km, 1h. Plutôt agréable, régulier.

- Puis montée au lieu-dit Le Dzéman (2056m), 0,8km, 0h30. Agréable, régulier.

- Enfin montée finale à la Cabane de Démècre (2361m), 1,5km, 1h. Agréable, régulier.


Ce trajet m'a nécessité tout de même 10h, dont 1h d'arrêt pique-nique. Il peut être coupé en deux, avec hébergement au refuge de la Tourche, par exemple.




Voilà le chemin jusqu'à Cinglo, souvent pire!




Le refuge de chasse de Cinglo.




La ferme à chèvres de Javerne.




Moi, j'ai pris le chemin par le vallon, mais c'est bien aussi par la Croix de Javerne




Au fond, le refuge de la Tourche au niveau du col.



On y arrive presque, à la Tourche.





Le chemin (invisible) par lequel j'aurais dû arriver en passant par les Perris Blancs.




Le refuge de la Tourche




Le Grand Combin (qui ressemble sur cette face au Mont-Blanc, joue à cache-cache avec les nuages: saurez-vous le retrouver ?




 Le Rhône se jette dans le Léman ici.




 Pour 10' d'écart théorique entre les 2 parcours, je joue la sécurité d'un chemin "normal", même s'il faut descendre de 400m supplémentaires qu'il faudra remonter!




A L'Au d'Armignon, l'espoir reprend, il n'y a plus qu'à remonter !




Au Chalet Neuf, d'autant plus!




Au Dzéman: plus que la dernière montée




Derniers lacets!




Vue sur le Léman depuis le col de Démècre.

J'arrivai à 18h au refuge de Démècre fourbu.

Heureusement, un accueil chaleureux m'attendait par les bénévoles qui tenaient le chalet cette semaine-là, avec en plus un feu dans la cheminée centrale. Tant que je marchais, je n'avais pas froid, mais dès l'arrêt, il en est autrement, la fatigue aidant. J'ai même eu droit à un thé chaud de bienvenue !

Par contre, ce refuge qui a été rénové il y a 5 ans, avec un intérieur très chaud, agréable, est un refuge "à l'ancienne": toilettes (sèches) et coin nettoyage (de la personne et des habits) dans 2 petites cabanes séparées, mais à une quinzaine de mètres du refuge. Il faut puiser l'eau à la réserve d'eau de pluie et on dispose de cuvettes. Naturellement, pas de chauffage dans ces locaux ; la toilette se résume à sa plus faible expression !

Je ressors grelottant, les pieds gelés, et rejoins vite fait le douillet refuge.

C'est bien la première fois que j'ai remis le nettoyage du linge au lendemain !

Le repas pour le randonneur passager est toujours le même : spaghetti bolognaise en quantité suffisante (très bon les sucres lents !). Et même pour les gourmands (caste à laquelle j'appartiens) il y a du gâteau maison!


Le hasard a fait que mon voisin (éloigné, Corona oblige) de dortoir (nous n'étions que 2!) de l'hébergement précédent à Pont de Nant, avait été lui aussi dans le passé gardien bénévole de Démècre. A l'époque, les conditions étaient encore plus spartiates ! Lui n'était pas randonneur comme moi, mais amateur de trails type "ultra": c'est encore une autre affaire !




 Le refuge du Démècre, bien protégé; au fond, on aperçoit le toit des toilettes et de la "salle de bain.


Encore un grand merci pour cet accueil réconfortant ! 

Je citerai encore un point, important pour une itinérance qui devait dépasser les 3 semaines, et en Suisse, pays très cher (par ses paysages, mais aussi pour son niveau de vie!): la nuitée avec repas du soir et petit déjeuner ne revient qu'à 40CHF.

Je regrette seulement d'avoir raté le coucher de soleil, mais je n'ai pas eu le courage de ressortir !


mardi 1 septembre 2020

Etape 102

 

Mardi 1er septembre 2020   Derborence (1458m) - Pont de Nant (1232m)


17km  M700   D930   1,9km/h   IP1




Tout d'abord, une remarque : quand je suis passé de Gsteig à Derborence, en passant le col du Sanetsch, on a le même passage net de langue tel que je l'avais constaté en passant le col de Griess à la 89ème étape ; alors, il s'agissait du passage de la langue italienne (ou patois local) à l'allemand, et maintenant en passant de l'allemand au français.




 Le gîte du Lac de Derborence dans son environnement (les nuages ont disparu!)


Une journée qui s'annonce nettement meilleure, même si des nuages restent encore accrochés aux sommets.




Une belle dent




 On pense que le col c'est tout droit au fond, mais le sentier passe derrière la paroi rocheuse à droite.


Pas une très grande étape aujourd'hui, mais qui a cependant nécessité une certaine attention, du fait des chutes de pluie et de neige des jours précédents. La terre n'a pas encore absorbé toute l'humidité et le mélange de terre grasse et de pierre rend parfois le sentier glissant. Il faut donc y aller doucement, surtout dans les descentes.



Petites cascades en passant : l'eau ne manque pas en Suisse !




La terre grasse qui s'accroche aux chaussures... et même au pantalon !




  Au Pas de Cheville (2025m) et ses vaches noires ; reste de neige des jours précédents







 Au col des Esserts (2015m)




La ferme du Richard, élevage de chèvres et de porcs en liberté.




Je ne dédie cette photo à personne !




 L'auberge du Pont de Nant, son cadre et ses plats exquis






lundi 31 août 2020

Etape 101

 

Lundi 31 août 2020   Gsteig (1187m) - Derborence (1458m)


Pour la partie marchée :

3km  M130   D0   2,5km/h   IP0,5



Après 2 jours de pluie et des prévisions météo qui en prévoient  pour 2 jours encore, et compte tenu de la durée théorique de l'étape à venir, ainsi que du passage rocheux délicat du Poteu des Etales (échelle et mains courantes) en fin de parcours, j'ai dû faire un choix qui ne correspond pas à mon éthique de randonneur: j'ai décidé d'aller directement par les transports en commun au gîte du lac de Derborence, d'où je repartirai demain.


Certes la météo annonce encore de la pluie pour demain, mais en réalité ça semble vraiment s'améliorer, et sur cette future étape, il n'y a pas de difficulté majeure.


C'est ainsi que je ferai un périple faisant appel à 5 bus et un train, me faisant passer de Gsteig aux Diablerets, puis à Villars sur Ollon dans le canton de Vaud (où je retrouvai le soleil), Aigle, Sion dans le Valais (ou "en" Valais ? ?), Aven et arrivée à Godey, qui est la fin de l'étape que j'aurais dû parcourir, et terminer à pied jusqu'au lac de Derborence, entamant ainsi l'étape de demain.


Il y avait aussi une autre possibilité : c'était de monter au Col de Sanetsch (2240m), et de là rattraper le bus qui ramène sur Sion (et oui, il y en a un, même à cette altitude!). Et là, peut-être ai-je manqué d'un peu d'audace, mais les prévisions météo comme les nuages qui descendaient presque au niveau du camping ne m'y ont vraiment pas engagé!


J'ai eu plusieurs fois l'occasion de pratiquer les transports en commun en Suisse. Leur organisation est remarquable: toujours à l'heure, un maillage mixte trains/bus excellent amenant aux vallées les plus reculées, découpages d'horaires très bien étudiés limitant les temps d'attente.



A Gsteig, un temps vraiment pas engageant !

Également un coup de chapeau aux conducteurs de bus qui passent avec leur long véhicule sur des routes étroites et vertigineuses, par des tunnels tout aussi exigus. C'est vraiment un métier !



 Le bus passe parfois à des cols élevés, ici le Col de la Croix avant descendre sur Villars sur Ollon



Finalement, la journée a été plutôt meilleure qu'escomptée, mais ça, c'était difficile de le prévoir.




Le temps se dégage à Aven, même si les cimes sont bien encore chargées




Paroi abrupte sur le chemin depuis Godey




Le gîte du Lac de Derborence



Le lac de Derborence, un super cadre pour le gîte


On mange bien à Derborence (les courgettes sont du jardin du gîte !)